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Chantiers de
la connaissance
Une architecture défensive
VOIR
SANS ÊTRE VU
Ainsi, dès la fin du XIVème siècle, les anciennes archères se transforment en archères canonnières, puis au milieu du XVème siècle, en véritables canonnières. Le boulet métallique est employé à partir de 1430, rendant la forteresse obsolète malgré les murailles renforcées et les bouches de feu percées à la base des édifices.
Des meurtrières de type ancien, présentant une très étroite ouverture, qui étaient parfaitement adaptées aux tirs de flèches, sont complétées par des canonnières écrasées horizontalement vers l’extérieur. Les archères simples se transforment en archères cruciformes. L’apparition du boulet métallique en 1432 et de la bombarde modifie donc les données traditionnelles de l’architecture défensive.
Pour compléter, l’entrée est pourvue de barbacanes munies de grosses bouches à feu. Leur positionnement à la base des murailles permet le tir rasant au niveau des fossés. Les canonnières ne peuvent servir, de l’intérieur du château, que pour le tir d’armes portatives (arquebuses, mousquets, couleuvrines…).
Au milieu du XVème siècle, l’invention des boulets de fonte permet de tripler la puissance de tir et ainsi de faire des brèches à distance ce qui décidera peu à peu à abandonner définitivement la construction de châteaux forts.
JOURNÉES DU PATRIMOINE de pays et des moulins
Val du LAYON (MAINE ET LOIRE) FRANCE
Le mot de marie Boisson
propriétaire du château
La leçon des pierres
Les attitudes des sociétés humaines vis à vis des traces de leur passé sont loin d'être unanimes. Ainsi, par exemple, à Paris, pendant le second Empire, bien avant même l'arrivée du célèbre Baron Hausmann, on a beaucoup détruit. Des milliers de bâtiments jugés vétustes ont été abattus sans état d'âme au profit de nouvelles "percées" plus conformes aux besoins de l'époque, notamment la fluidité des transports, l'hygiène et la sécurité. Certes, aucun monument majeur ne fut frappé par les démolisseurs, mais tout de même quelques hôtels particuliers de la fin du XVIIIe siècle, des maisons des XVII et XVIIIe siècles ont ainsi disparu du paysage urbain. Une très grande majorité de notables, de propriétaires fonciers et une partie non négligeable de la population ont approuvé - et même encouragé - ces "effacements". Aujourd'hui, changement d'époque, le patrimoine Hausmanien parisien est scrupuleusement préservé, voire muséifié, par toute une série de mesures comme la limitation de la hauteur des nouveaux immeubles, des règles contraignantes d'affectation des bâtiments...
Une relecture de notre histoire
Regardons un peu plus loin de nous, la période de reconstruction urbaine de Beyrouth qui a débuté deux ans après la fin des guerres du Liban qui ont saigné ce pays de 1900 à 1990. On constate que l'effacement de la majeure partie de l'ancien centre ville n'a, en fait, touché que les immeubles affectés par les récents conflits. En revanche, ces travaux ont permis de révéler d'autres ruines, pour la plupart des vestiges de l'antiquité. Il a été décidé de les remettre en valeur dès 1994 notamment par une stratégie de muséification des sites archéologiques et de restauration des bâtiments religieux..
On peut même affirmer que cet intérêt pour ces traces de l'histoire ancienne permettait d'asseoir une certaine "autochtonie". En somme, une relecture plus lisse de l'histoire, censée combler le besoin d'expression d'une mémoire vive et meurtrie. Cette vision a été contestée par les anciennes élites citadines expropriées. Elles ont réussi à lancer un vif débat sur les notions patrimoniales du pays. D'un côté, les partisans d'une réhabilitation "comme avant", non dénuée de nostalgie et de l'autre, une approche résolument dynamique et sociologique qui considère la ruine comme un élément d'un processus créatif-destructif-créatif à l'instar de ce qu'ont pratiqué depuis la nuit des temps toutes les sociétés humaines du Moyen-Orient et d'Extrême-Orient : On construit, on détruit, on construit...
Que faire de mes ruines ?
Que faire de mes ruines de la Haute Guerche ? Me voilà confrontée à de cruels dilemnes. Dois-je laisser le temps et les éléments naturels faire leur oeuvre destructrice ? Les bourrasques, les tempêtes, les pluies diluviennes, les sécheresses, les actes de malveillance, les restaurations défectueuses...autant d'évènements qui font monter en moi l'adrenaline et le stress. D'autant que je ne dispose pas aussi facilement d'aides financières. Quant aux assurances !... Beaucoup de mes confrères propriétaires baissent les bras, d'autres encore pillent sans scrupule leur propre patrimoine. Je ne me résous pas à ces renoncements.
Reconstitution ou parc d'attractions ?
Dois-je au contraire me lancer dans une onéreuse reconstitution à l'identique aux motifs de mémoire et de pédagogie ? La plupart des visiteurs m'y poussent. Outre le problème du financement, quelle période choisir sur les 900 ans de l'histoire traversée par le château ? Le tout début ? le XIIIe siècle ? Le XVe ? le XVIIe ? ... Certains proposent de transgresser cette question par une réplique onirique, un château rêvé, façon Walt Disney. Ce serait trahir la vocation de ce château volontairement discret. Et puis transformer ce site remarquable en parc d'attraction avec son cortège d'immenses parkings, d'hôtellerie-resort, de restauration mondialisée... est tout simplement impossible au regard de la géographie du lieu, de l'histoire et de la mentalité de la population du Layon.
Ces pierres nous donnent une leçon de vie
J'ai trouvé une autre voie plus respectueuse, guidée par une lecture très attentive de ces pierres. Oui, la Haute Guerche parle à ceux qui savent l'entendre. J'en ai tiré une grande leçon de vie. Et une voie originale ancrée dans une conjugaison subtile, durable, réjouissante et collaborative. Je vous en réserve la primeur lors de votre venue ici. Je reste aussi très ouverte aux propositions de mes visiteurs. Ces ruines appartiennent à notre mémoire collective. Elles sont aussi les vôtres.
Human societies' attitudes regarding remnants of their past are far from unanimous. So, for instance, during the Second Empire, even long before the famous baron Hausmann arrived, a lot was demolished in Paris.Thousands of buildings deemed as dilapidated were destroyed without hesitation, in favour of new openings more in line with the needs of the time, in particular, more fluidity of transport, more sanitation and more safety. Admittedly, no major monument was hit by demolishers, but still, some mansions from the end of the 18th century and houses from the 17th and 18th centuries have thus disappeared from the urban landscape. A very large majority of leading citizens, landowners, and a significant part of the population approved - and even encouraged - this "wiping off the map". Today, a change of era, the parisian Hausmanian heritage is scrupulously preserved, even museumized by a whole series of measures such as limitation of the height of new buildings , binding regulations for the use of buildings...
A rereading of our past
Let us look a little further (east) from us, the period of urban reconstruction in Beirut starting two years after the end of the wars in Lebanon which bled this country from 1900 to 1990. We see that the demolition of most of the old downtown has, in fact, only touched the buildings affected by recent conflicts. On the other hand, these clearings have uncovered other ruins, most of them vestiges of the antiquity. It was decided to restore them in 1994, in particular through a strategy of museification of archaeological sites and restoration of religious buildings.
We can even say that this interest in these relics of ancient history made it possible to establish a certain "autochtony". In short, a smoother rereading of history, supposed to fill the need for expression of a living and bruised memory. This vision was contested by the former expropriated city elites. They succeeded in launching a lively debate on the heritage notions of the country. On the one hand, the advocates of a rehabilitation "as before", not devoid of nostalgia, and on the other, a resolutely dynamic and sociological approach which considers the ruin as an element of a creative-destructive-creative process, as what has been practiced since the dawn of time by all (human) societies in the Middle and Far East : we build, we destroy, we build....
What can I do with my ruins ?
What to do with my ruins of La Haute Guerche? Here I am faced with cruel dilemnas : should I let time and the natural elements do their destructive work? Squalls, storms, torrential rains, droughts, malicious acts,faulty restorations.... so many events that increase my adrenaline and stress levels.Especially since I do not get any financial aid that easily. And as for insurance !....Many of historic buildings owners in the same situation give up, others shamelessly plunder their own heritage. I cannot bring myself to these renouncements
Recreation or amusement park ?
Should I, on the contrary, embark on an expensive and identical reconstruction, on the grounds of memory and pedagogy? Most visitors prompt me in this way. But, aside from the problem of finding the finances, which period to choose from the 900 years of history the castle went through? The very beginning, the 13th century, the 15th? the 17th?...Some propose to transgress this question by building a dreamlike replica, a Walt Disney style dream castle. That would be a betrayal of the vocation of this deliberately discreet castle. And then, transforming this remarkable site into an amusement park with its cohort of huge car parks, hotel-resort, globalized catering...would be simply impossible in view of the geography of the place, its history, and the mental habits of the people.in the Layon community.
These stones give us a lesson in life
I found a more respectful path, guided by a careful reading of these stones. Yes, the Haute Guerche speaks to those who know how to listen to it. I discovered a great life lesson from this. And an original path anchored in a subtle lasting, joyful and collaborative combination . You'll be the first to appreciate it when you come here. I also remain very open to suggestions from my visitors. These ruins belong to our collective memory. They are also yours.
Traduction : Claire Esquirol-Jones